Après être allé chercher un Tecnam P2002 tout neuf à Naples, il faut ramener l'ancien à l'importateur sur le terrain de Bellegarde a quelques nautiques de Genève. Une bien belle nav en perspective !
Après être allé chercher le Tecnam neuf à l’usine de Naples, il faut ramener l’ancien à l’importateur.
Il se trouve que l’importateur est proche de la Suisse sur le terrain de Bellegarde Vouvray (LFHN). De Biarritz ca fait une belle nav ! Le retour est prévu en avion par la ligne Air France depuis Lyon (vive les tarifs jeunes). Jeff, le secrétaire général de l’aéroclub m’accompagne sur ce vol. Notez que je suis toujours bien accompagné (je dois être sous surveillance :-)))
Le vol est prévu pendant un vendredi des vacances et le temps annoncé n’est pas des meilleurs. Malgré que nos billets soient modifiable sans frais, y’a plus vraiment de place pour les vols des jours prochain.
La situation météo est peu convainquant. Une goutte froide descend du sud du Massif Central. Mais il y a peut être un trou de souris si on décolle tôt de Biarritz et que l’on contourne le Massif Central par le nord. Je reste sur cette idée avant de m’endormir le soir mais vraiment pas certain de pouvoir voler. Surtout qu’avec les billets d’avion, faut pas être planté sur le plateau des Milles Vaches …
A 06h02 LT, Alex (mon copi préféré mais pas sur ce vol) se réveille ! SMS : « BTZ tjrs ok ca va ptre passer ». Le bruit du texto me reveille, mais l’avion n’étant pas certifié vol de nuit, je me rendors. Nouveau SMS à 06h27 LT : « Bdx cavok !!!!!! » Second SMS à la même heure : « Faut partir tot les mec !!!!!! ». Les points d’exclamations veulent certainement dire qu’il attend une réponse. Mais depuis 25 min l’avion n’est toujours pas certifié vol de nuit. Passage de l’iPhone en mode vibreur. Mon réveil est prévu à 7h30 pour un décollage prévu vers 8h15. A 07h18 LT on remet ca : « Debout !!!!!!!!!!!! » et avec un quatrième SMS à la même minute « Tel moi dès que t Wake up pour briefing mto 😉 ». Trop c’est trop, je me lève 10 min plus tôt que prévu (je déteste ca). Je regarde la météo et en effet ca pourrais passer avec un départ tôt alors que la vieille j’étais quasi sur que ca ne passerai pas. En hiver, on rigole moins sur la météo : se retrouver sous une averse de pluie surfondue ou de neige dans un avion JAR-VLA c’est pas vraiment une situation d’avenir…
J’appelle Alex, on confirme le GO. L’avion étant un peu dur à chauffer, il part à l’aéroclub le sortir, faire la prévol et le chauffer. Si ce n’est pas du service ! Je mange un peu et regarde que je n’ai rien oublié. On part traverser la France tout de même… Je confirme le go aussi à Jeff et me voila à 7h45 en route pour l’aéroclub.
Arrivée à 8h00, clef, impression de la météo et des NOTAM, avion et mise en route (merci à Alex pour avoir chauffer l'avion !). On part dans l’avion comme si on allait se faire un petit local. Mais non, on traverse la France. J’adore ca ! A noter quand même que les Landes seront peut être encore un peu bouché : brouillard et couche à 1500 ft et 3000 ft (entre BKN et OVC les deux).
On doit être vers le lever de soleil. Les lumières sont encore allumés. On se pose la question de la destination… Un vent de face est prévu et rejoindre Bellegarde en direct nous semble difficile. Bien qu’on ait les pleins et donc 5 heures d’autonomie, c’est plus la question de la réactualisation météo qui nous pose problème. On a nos iPhone mais on ne capte pas partout … Et surtout pas au dessus des Landes. Après 2 min de réflexion intense (…) on annonce St Yan. Mais on est sur de ne pas y aller : y’a pas d’Avgas (et cette fois j’ai lu les NOTAMs). Mais comme on n’a pas de plan de vol on décidera en l’air de notre stop. L’important c’est décoller avant que cela se bâche.
Jeff est à la radio, moi au pilotage. Roulage point d’arrêt 09. Essai moteur et c’est partit ! J’ai par contre oublié que cet avion a une particularité : le badin devient actif à Vr (avec un gros bond). Comme je n’avais pas volé dessus depuis longtemps, je n’avais jamais vu et ca surprend ! J’allais initier un arrêt-décollage mais ma mémoire à court terme s’est réactivé juste à ce moment la. Le temps que cela se passe ca a fait une rotation vers 65 kts …
Jeff est un peu comme moi (enfin je pense) sur la nav. A partir d’une certaine expérience (et surtout en France), on peut gérer la nav en l’air en « déroutement perpétuel ». On n’a donc pas de log de nav avec des points tournants « traditionnels ». Je pars sur le 042 de BTZ (grâce à IVAO, c’est la R10 (route IFR basse altitude) qui rejoint le VOR de SAU). De toute façon le trajet est fonction de la météo. Comme on sait que ca passera pas On Top, on stop à 1500 ft. On allume le GPS (celui de Jeff) mais plus de pile. Enfin y’en a mais peu … On éteint et on s’en servira qu’en cas de besoin… La on a le VOR en radio nav.
Plus on progresse dans les Landes et plus le brouillard est présent. La carte devient presque inutile … Une couche vers 1000 ft se forme et celle de 1800 ft est toujours la. On est donc au dessus de deux couches (le brouillard et une couche à 1000 ft) et celle qui est deux ou trois cents pieds au dessus de nous. On est donc « between top ». Inutile de dire que je suis en mode horizon artificiel. Jeff se charge de regarde dehors. D’ailleurs devant ca devrait s’améliorer. Alex qui est au sol est notre agent d’opération. L’ACARS est remplacé par le SMS et on a tous les METAR que l’on veut.
Au bout d’une petite dizaine de vol à l’horizon (mais on a fait pire avec nos 200 nm au dessus de la mer Méditerranée cet été …) ca se découvre et on arrive dans le Lot et Garonne. Va falloir commencer à décider ou l’on fait notre stop. L’idéal c’est une plateforme avec essence, aérogare commercial (pour les piles du GPS …) et un ordinateur pour la météo et des taxes pas trop cher. L’idéal, que ce soit Total pour l’essence … On trouve un super terrain : Bellegarde. Pas notre destination mais Limoges ! On avait bien Périgueux mais pas sur d’avoir la météo comme on le souhaite … Seule chose à Limoges c’est BKN012. Mais 1200 ft de plafond ca devraient nous suffire ! Pour le moment on passe la Garonne puis la Dordogne en compagnie d’Aquitaine Info. Pas beaucoup de VFR en vol aujourd’hui.
On a peur en avion, mais chut ! Faut pas le dire …
On poursuit vers le nord est. Tout se passe bien … On quitte avec Bordeaux un peu plus tot car on risque les perdre en radio (on est toujours vers 1000 ft sol cause nuage) et on passe avec Limoges. A peine en entrée de SIV on est autorisé longue finale 03. Le vent est assez fort chez eux : 090° pour 22 kts rafale 28. Tiens ca fait longtemps que je n’ai pas posé avec du vent de travers… On reporte un peu de neige … Pour le moment le terrain a toujours 1200 ft de plafond avec tous les 9.
Pas d’ILS sur la 03, pas de VOR co-implanté et notre GPS en rade, on se fait un back course (on utilise le localizer de la 21). Donc l’aiguille part à droite, je pars à gauche pour la suivre, logique non ? En finale il y a bien le vent annoncé et j’ai une bonne dérive. Un peu turbulent mais ca va. On pose volet 0 avec un peu de vitesse. La piste est archi-longue, profitons en. 2h15 pour un Biarritz – Limoges avec 15 kts de face moyen. Pas trop mal 🙂 A l'arrivée il y a un avion d'Airlinair …
On dégage et roulage à l’essence. Ouverture de la verrière et la … c’est le drame (enfin le second !). Le premier pour moi c’est le froid ! Et oui, il fait 0° et avec 30 kts de vents … Ca pince ! Le second drame (et un peu plus grave) c’est que Jeff est partit sans rien. Sans licences (pas grave, j’en ai), sans argent (pas grave je peux lui en prêter) mais surtout sans papier d’identité ! Mais ce soir, Air France ce n’est pas l’aéroclub Basque … Il faut montrer patte blanche pour monter dans l’avion rapide et qui monte haut. Il s’en est rendu compte au moment ou l’on interceptait le back course de l’ILS …
Pendant que je regarde la météo, que je vais acheter des piles, et que je fais l’essence (2 fois 15 litres …) il se débrouille pour pouvoir rentrer autrement qu’en train … Je vous passe les détails mais on a bien du déranger 15 personnes pour y arriver… (BGTA de Lyon et Biarritz, service client AF et des gens à Biarritz pour faire le taxi). Par contre, devant c’est de mieux en mieux pour aller sur du soleil radieux à Lyon ! Biarritz est IMC … Il fallait partir tot. En fait, une heure après notre départ ce n’était plus volable en VFR.
Stop d’une heure à Limoges et on repart avec un GPS plein. On pense encore monter un peu dans le nord pour éviter d’éventuelles formations nuageuses mais c’est tellement dégagé qu’on se fait un Go To destination. On est ainsi 1500 ft au dessus du Nord du Massif Central. Il a l’air de faire froid car c’est gelé un peu partout. La couche commence à se dessouder, mais monter n’est pas la bonne option : y’aurai encore plus de vent de face. Et oui, le vent tourne avec nous et on l’a presque toujours de face. On quitte avec Limoges et on se retrouve dans le néant. Heu non. On se retrouve dans la Creuse… On passe ensuite avec Clermont Info. Pas grand monde … Puis on essaye de réveiller Saint Yan ou Roanne info mais c’est fermé. On monte et on contact Lyon APP. La y’a du monde. La saison de ski est bien la et faut amener et rechercher tous les touristes. On est 5500 ft toujours en direct sur notre destination. Le soleil est à présent total. On passe Vichy et ses bonbons puis c’est Roanne et on arrive sur les monts du Beaujolais puis la vallée du Rhône et Lyon. On a aussi eu la Loire juste avant (on s’imagine pas qu’elle prenne sa source aussi loin !). Puis on commence à distinguer au loin le Mont Blanc. Il fait grand beau et c’est MAGNIFIQUE ! C’est la première fois que je vois le massif Alpin aussi bien vu d’avion. Dommage qu’on soit un peu pressé (et oui, avec Jeff on préfère arriver tot à Lyon…) mais un vol « local » vers le Mont Blanc aurait été grandiose. Pas grave, je reviendrais !
On quitte avec Lyon et on commence à préparer l’arrivée : descente et trajectoire. Bellegarde est dans une vallée, la piste n’est pas forcement longue (670 m ou 553 m selon) et faut y arriver. Ca ne turbule pas trop et on descend mais pas trop. En effet, y’a des lignes électriques à peu près partout et descendre dans les vallées sans connaitre serait un peu trop dangereux.
On se fait un peu plaisir à suivre la vallée dans ses méandres. Un petit moment de rêve, l’avion est léger aux ailerons. On incline à gauche, à droite, … Mais retour à la réalité : le terrain approche. On finit notre vallée à l’altitude du tour de piste + 500 ft (soit 3100 ft) et on ouvre les yeux pour trouver le terrain. Et oui, ce n’est pas les longues pistes de Limoges ou Biarritz. Jeff me dit que le terrain devrait être devant nous. On ne voit rien… Coup d’œil à gauche, il est la. On est pile poile en vent arrière. Préparation machine et c’est partit !
Base puis finale. Mais j’y vais un peu trop vite. L’avion ne freine pas comme un Robin, je suis proche de la piste et la VFE est basse … N’ayant pas une grande expérience sur la machine, je ne préfère par glisser pour perdre de l’altitude rapidement et en courte on est encore volet 0 à 70 kts. Faut se rentre à l’évidence, ca ne passera pas. Remise de gaz ! Deuxième fois que je fais avoir (y’a 2 ans à Saint-Gaudens, pareil (mais sur une PTE …)). Circuit plus large, base plus éloignée et volets 40 en finale (on suspecte une petite composante arrière) et ca passe déjà beaucoup mieux ! Demi tour et on dégage par le taxiway. Clou du spectacle, le taxiway est légèrement en descente et je suis donc plein réduit (je force le plein réduit en tirant la manette de gaz au max). Combiné à l’altitude, l’avion cale. Encore une première !
Voici la vidéo de l'arrivée :
Mais nous sommes arrivés chez Air Import après 2h30 de vol. On sort et il fait froid mais c’est mieux qu’a Limoges (bien moins de vent et du soleil). Franck (avec qui on était à Naples quelques jours plutôt) est la. On rentre l’avion et après quelques formalités on part vers Lyon St Ex.
Une petite heure de voiture plus tard, on est à la gendarmerie de Lyon St ex, mais ce n’est qu’une annexe et pas la BGTA. Après 40 min de « chasse » on arrive à la BGTA ou, grâce au gendarme GG, on a une photocopie tamponnée BGTA de la carte d’identité. Il est donc plus que l’heure de se restaurer ! On rentre dans le terminal et ô miracle, il y a un Pizza Hut : manger beaucoup pour pas trop cher… Une pizza quatre fromages plus tard, on part en salle d’embarquement.
Le nouveau « hub » de Lyon est pas mal : les avions sont au contact sans passerelles et les changements d’avions très facilités. Mais on a 2 heures à tuer et heureusement, il y a des prises électriques. On peut donc voir les photos du vol.
Vient le moment crucial : Jeff va-t-il être accepté dans l’avion ? (et oui, au PIF pas de contrôle d’identité). Après avoir demandé à une hôtesse, puis à la chef de l’hôtesse et au chef de la chef, la réponse est … OUI ! Il a aussi fallu un scan couleur de sa carte d’identité envoyée sur l’iPhone … On n’arrête pas le progrès. On aura un Embraer 170 pour ce vol opéré par Régional. On discute 5 minutes avec le captain mais il n’y a qu’un jumpseat et donc on ferra le vol en cabine. Jeff branche son GPS et le record est total : 515 kts de vitesse sol (…). La route a été simple : MEN puis DCT BZ … Ce n’est pas VMC à Biarritz mais ce n’est pas trop mauvais non plus (ca aurait été dommage de finir à Pau ou pire, à Tarbes).
Alex est la avec Guillaume et on part en ville boire une bière aux fruits des bois … Ainsi se finit cette journée. On aura traversé la France en plein hiver avec notre petit avion de 580 kg … Très bonne expérience et merci à l’Aéroclub !
Voici la trace du vol (avec le retour en Embraer, une vrai circu-navigation) :
Superbe récit !
C’est toujours un plaisir de te lire 😉
Faut que je me renseigne pour faire des convoyages , c’est super trop cool 🙂
Génial la ptite histoire!
A voir ces videos, ca me donne tellement envie de piloter aussi. J’espere que je pourrais un jour y goûter 🙂