De 0 à 76h … Une progression pour le PPL

de | 7 février 2007

Voila un résumé de ma formation pour le PPL. Extraits :

Puis arrive ce mercredi 22 mars. Il fait très beau. Je grimpe dans l’avion. Alors je n’oublie pas le petit coussin. […] On est à 50 pieds du sol et on prends de la vitesse. Arrivée à la fin de la piste, il tire sur le manche et virage à droite.
[…]
“Biarritz, F-QS, est qu’il y a des réguliers de prévu ?”
“F-QS, négatif pas avant une heure”.
Aligné sur la piste et autorisé à décoller je me dis qu’il faut y aller.
Axe plan vitesse. J’ai 80 au badin, le plan et l’axe sont super. Ne pas oublier d’arrondir. Je pose l’avion. Manche arrière.
[…]
A peine 1 an après avoir commencé et 31h40min au compteur j’obtiens ma première licence aéronautique.

[…]
J’annonce un joli : “F-QS on voudrais faire un basse hauteur, verrière mal verouillée”
[…]
C’est fou mais certaines épreuves scolaires me font bien moins stresser …


Je ne peux pas comme Vincent ou d’autre raconter tous mes vols qui se sont passé lors de ma formation pour le PPL (Licence de Pilote Privé). Par contre je vais faire un unique billet sur toute ma formation.
Il sera donc un peu long. Mais j’espère que vous le lirez jusqu’au bout.

L’an 2000. Je viens d’emménager sur la cote Basque a coté de Saint Jean de Luz (Urrugne pour les connaisseurs). Je suis en 3°, et depuis maintenant quelques semaines je me renseigne comme je peux (on en est au début de l’internet tout publique et je suis en pleine campagne sans scooter) pour voir si je peux apprendre à piloter. Cela doit faire environ 10 ans que je n’ai pas changé de souhait de métier : pilote. Chasse ou ligne on verra plus tard.

Un peu poussé par mes parents nous passons au seul aéroclub du coin : l’Aéroclub Basque. Il est sur la plateforme de Biarritz. Ca fait donc environ 25 minutes de voiture de chez moi. Je ne sais plus quel jour nous somme (mais un mercredi ou un jour du week end). Nous devons être en mars. Ce jour la il ne fait pas beau. Je connais quelques petites choses sur l’aviation mais les mots VMC, METAR, et autre me sont totalement inconnus.

Je sonne avec mes parents à l’aéroclub. Quelqu’un nous ouvre et on apprend qu’il n’y a aujourd’hui ni instructeurs ni secrétaire. On doit donc être le week end. Mais la personne qui nous a ouverte est en fait un “constructeur amateur”. On discute quelques minutes, je lui explique mon “cas”. Il ne peut pas franchement faire grand chose à part nous dire de repasser un autre jour ou il y a aura plus de monde. Il nous propose de nous faire visiter le hangar des constructeurs amateurs. Je ne suis donc plus qu’a demi-décu.

Je rentre d’abord par le hangar de l’Aéroclub Basque. Ensuite je suis sur le parking avion pour arriver dans le hangar des constructeurs amateurs. Il nous montre les 4/5 avions en construction. Une demi-heure après on rentre à la maison mais mercredi prochain on repasse.

Quelques jours après on entre à nouveau dans l’Aéroclub. L’ambiance est assez spéciale. J’ai toujours été passionné par les avions mais j’ai un peu peur. C’est en fait un monde totalement inconnu que je commence à peine à découvrir. Le fait de voir des avions, des vrais, de près ca impressionne. Ils sont la, 10 mètres devant moi. Nous sommes accueillis par la secrétaire (Dominique). Je ne me souviens plus vraiment de ce que l’on s’est dit. Mais on se retrouve dans le bureau du chef pilote. Explication rapide de la formation, le médicale …

Tu veux faire pilote ? Va falloir bien travailler à l’école. Oui monsieur … Il part pour un pré test BB. Si j’ai bien compris c’est le premier brevet que je passerai. Il me propose de venir derrière. Mes parents approuvent, et je me retrouve en place arrière d’un Robin DR400 (2+2). Rapidement on se retrouve en l’air. J’observe ! Devant, dessous, … C’est joli le Pays Basque vu du ciel. Panne moteur en campagne (j’apprends déjà : l’hiver l’option plage est mieux que les pins …), tour de piste, discussion entre le QNH et le QFE (mais qu’est que c’est ?). Une heure après on atterrit. Je ne sais pas comment c’est passé le test, je ne reverrai je crois bien plus jamais la personne … Mes parents sont la et on repart à la maison. Oui mais dans une semaine (un mercredi donc) j’ai rendez vous avec le chef pilote pour mon premier vol …
La semaine passe trop lentement. Puis arrive ce mercredi 22 mars. Il fait très beau (CAVOK ? je ne sais pas ce que c’est !). Le rendez vous est à 14h00. J’arrive à 13h55. Alors pas de chance. Faut arriver 20 minutes avant … Ca commence bien. L’avion sera un Jodel D112. Je ne sais pas ce que c’est. On me dit que c’est un très bon avion pour apprendre car il est plus difficile à piloter. Et bien allons y. J’ai le choix ?

Jacques (mon instructeur) me montre la prévol. Je suis attentivement mais je ne retiens pas tout. Il me dit qu’à force ca viendra. Je grime dans l’avion. Alors je n’oublie pas le petit coussin. Et oui sinon je ne vois pas bien. Mise en route. On arrive sur le taxiway sud. Une grande ligne droite et la je fais le roulage. Comme je ne sais pas conduire, je ne cherche pas de volant. Les palonniers et on essaye d’aller droit. On me présente M. Parallaxe. On va en parler souvent celui la. On s’aligne, décollage en 27. Il m’a expliqué la technique : quand tu sens que le manche devient actif, tu mets l’avion en ligne de vol (en quoi ? à l’horizontal, OK !). Quand le badin indique 60 tu tires doucement. De toute façon je le fait avec toi.

En moins de deux, on est en l’air. L’aiguille du badin n’est pas vraiment stable. Et la je commence à entendre quelques chose que j’entendrai souvent : regarde dehors. Et oui comme tout passionné de mon âge qui se respecte je joue à Flight Simulator. Ca aide pas mal. Je sais ce qu’est qu’un altimètre, un badin, un vario. Mais gros inconvénient : je regarde trop mes instruments. On part en secteur sud. Virage, droite gauche, montée, descente, … Je commence à m’approprier l’avion. Retour vers le terrain (il est ou ? je suis un peu paumé la !). Le premier atterro est bien sur fait par l’instructeur … On rentre au parking et je fait tout le roulage. Mon premier vol. 35 minutes ! Le prochain ? Dimanche 9 avril avec un autre instructeur.

Je ne vais pas raconter tout mes vols …  Quelques anecdotes  pendant mes premières heures :
Pendant l’été, j’ai un instructeur pour 3/4 vols. Je commence à avoir dans la dizaine d’heure de vols et il me trouve trop timide à la radio. On ferra une séance ou tu parleras un maximum (nos lecteurs d’IVAO doivent bien se marrer, on dit le contraire …). Je raconte presque ma vie. Je trouve cela complètement inutile. Mais au bout de 30 minutes c’est vrai que ca devient plus naturel.

Au bout de 12 heures de vols je change d’instructeur. Il me suivra presque jusqu’au PPL. Il s’appelle Fred. Je me souviens du premier vol avec lui. A cette étape de la formation on enchaine les tours de pistes. Il faut savoir poser l’avion pour être lâché. C’est son dernier vol de la journée. Il a du faire 6 ou 8 heures de vols avant moi. Il vole beaucoup sur le D112 (le QS). C’est vrai qu’avec un petit coussin et 1 heure par semaine c’est sympa. Cela doit être un peu plus fatiguant toute la journée. Il doit être dans les 7 heures du soir. On est en septembre et on commence à assister au changement de couleurs. Aujourd’hui c’est la 09. On est dos au soleil. Il me dit pour le décollage s’il peut garder les commandes et faire un petit truc sympa. Haut de mes 15 ans je ne vais certainement pas dire non. Décollage, normal (presque aussi bien que moi :-), mais on ne monte pas. On est à 50 pieds du sol et on prend de la vitesse. Arrivée à la fin de la piste (de 2250m). Et la il tire sur le manche et virage à droite. Au début ca impressionne … Il me dit : faut savoir se faire plaisir des fois, en restant “safe”. Vent arrière j’ai les commandes et je vais essayer de l’épater sur mes atterros …

On a fait 3 vols depuis notre petite acrobatie. Je me sens un peu plus à l’aise. Aujourd’hui il ne fait pas beau. Nuages morcelé à 1000 pieds. On part sur SE (on Cambo les Bains). Il y a 8 km de visi. Bref, peut être la pire météo dans laquelle je n’ai jamais volé. Mais y’a pas de vent. J’arrive à Cambo et la on fait quelques virages … Retour terrain. Puis des tours de pistes. Je ne les comptes pas mais depuis que j’ai appris à voler on enchaine les tours de pistes. Mais pour briser la monotonie on varie les plaisir : tour de piste basse hauteur, PTU, PTE, rectangulaire. La on est dans un basse hauteur. Je suis content de moi, on ne rebondi pas trop au touché. J’adore les tours de piste basse hauteur : ca va vite ! Mais Fred trouve le temps pour faire une communication radio inhabituelle :

“Biarritz, F-QS, est qu’il y a des réguliers de prévu ?”
“F-QS, négatif pas avant une heure”.
Alors mes quelques neurones se mettent en action … Lâché ? Aujourd’hui ? Non … Pas le temps de penser plus, on est en finale. Axe, plan, vitesse, axe, plan, vitesse, … Le badin oscille entre 70 et 90 km/h … On pose, on dégage par la seconde à gauche. Et la il me dit : “Tu repars faire un tour tout seul ?”. J’ai à peine le temps de dire oui, qu’il a déjà avertis tout le monde à la radio, a fait un demi-tour à l’avion et sort de celui ci avec un petit mot : fait comme d’habitude ! Et il s’en va … Je commence à peine à réaliser … Heu comme d’habitude … OK … Donc je demande le roulage pour un tour de piste. La longue ligne droite est très longue. Je roule très doucement. Mes jambes tremblent (et le fait de l’écrire me fait encore trembler) … J’arrive au point d’arrêt. Comme d’habitude ? Bon alors check list essai moteur et avant décollage. Briefing départ. Tiens je parle à haute voix tout seul … Je demande à pénétrer et à remonter. Aligné sur la piste et autorisé à décoller je me dis qu’il faut y aller. Puissance, ligne de vol, 60, rotation et ca monte … On a fini par deux basse hauteur (750 ft QNH (je sais ce que c’est maintenant)), mais les nuages sont à 1000ft (QNH). Et moi bêtement et sans réfléchir je veux monter à 1250 pieds. Les nuages se rapprochent, je réalise et stabilise à 950ft. L’IMC au lâché on va éviter … Vent arrière, réduction de puissance, 110-120 km/h pour la vent arrière. Annonce radio (je n’ai plus peur de la radio …). Numéro 1. En finale je prends conscience qu’il va falloir poser l’avion. Je n’ai pas fait encore de vol sur Robin. Mais force est de constater que l’atterro est vraiment le moment critique. Des fois c’est bien, d’autre fois c’est moins bien. Au bar de l’aéroclub, on entend les accidents sur train classique, c’est dur de le poser … Bref, Axe plan vitesse. J’ai 80 au badin, le plan et l’axe sont super. Ne pas oublier d’arrondir. Je pose l’avion. Manche arrière. OUFFFF l’avion est posé. Et je n’ai rien cassé ! J’arrive au club assez fier. Je n’ai pas encore commencé à conduire une voiture que j’ai déjà volé tout seul en avion.

A postiori, on comprend que lâcher un élève n’est vraiment pas anodin. Je ne suis pas FI. J’ai une petite expérience de moniteur de voile et la responsabilité de l’instructeur est énorme. Et pourtant je n’entends que très peu d’accident sur le premier lâché. C’est un instant magique qu’il faut profiter à 200%. Tous les autres lâchés n’ont pas la même saveur. C’est un moment unique de la vie d’un pilote.

Etrangement (ou pas), après mon lâché ma progression stagne un peu (cf figure dans le manuel du pilote). Les atterros devient mauvais voir dangereux. Dans ces conditions pas de lâché supplémentaires. 6 vols après mon 1° lâché je suis relâché. Mais je ne m’en souviens même plus … Le BB se rapproche et il faut penser au théorique. Je n’ai pas vraiment fait de performance… A croire que j’adore la tour de Biarritz. Et oui, pour le théorique on est invité à monté à la tour de contrôle. J’aime tellement cet endroit que j’y reviens 3 fois… Et oui, j’ai raté deux fois mon BB théorique.

Je me souviens par contre de mes deux derniers lâchés avant le BB. Un matin (assez froid) j’arrive pour ma leçon. Et la Fred m’annonce que je pars tout seul. J’ai déjà 1h45 de solo au compteur mais encore jamais de vol solo des le début. C’est bette à dire, mais si aujourd’hui je ne fait pas bien. A première vue ce n’est pas discutable. Le programme est très simple : il fait beau et donc tu vas faire du tourisme. Tous les points de la CTR. Soit … J’ai fait deux vols sur DR400 (au dessus de 20kts de travers on ne sort pas le QS (normalement)) dont une mini navigation sur Dax. Mais la je serai tout seul. Et même s’il doit y avoir 50km de visi, que seuls les trainées d’avions servent de nuage dans un ciel pur de février faut que je les trouvent tout les points … Décollage. Etrange (ou pas) les décos ne m’ont jamais vraiment posé problème. Mais les atterros oui. Le vol se révèle plus facile que ce que je pensais au sol. Je prends des caps pour aller d’un point à l’autre et ca marche bien. Mais je ne pense qu’a une seule chose : il va falloir revenir, il va falloir atterrir. Le vent est calme. C’est une chance. A vrai dire ca a du bien se passer car je ne me souviens plus de l’atterro.

Le dernier lâché avant le BB. L’objectif est très simple. Il faut 4 heures de vol solo et 20 atterrissages et décollage. Tu as 3h et 10 atterros. Tu as une heure pour en faire 10. Et bien je vous assure que ca devient rébarbatif cette séance de tour de piste. On passe d’une PTU à un basse hauteur puis un rectangulaire. Au début, en début de vent arrière je réduisais. Le traditionnel réchauffe, et puissance (ni pompe, ni phare, ni volets, …). On est à 110 km/h. Au bout de quelques TdP, je réduis en fin de vent arrière. Les derniers touchés deviennent vraiment mauvais … Il est temps que cela s’arrête.

Puis vient le moment du test. Mais avant un pré-test. Le matin, la visi passe de 6 à 2 km. On a le temps de faire un basse hauteur. Ne pas voir le bout de la piste est assez étrange. L’après midi ca c’est levé à 6km. Mais ce n’est pas encore l’idéal. Le pré test est satisfaisant. On va donc prendre rendez vous avec le testeur.
Le test est prévu une semaine plus tard. Mais il ne fait pas beau. On reporte au week end prochain. Le week end prochain la météo est limite. Grain et vent du nord de 15 kts. La démonstration max de vent de travers. Mais au téléphone je dis au testeur : GO. J’arrive au club, bien avant. L’avion ne vole pas avant. J’aurais tout le temps pour le bichonner. C’est une de ses journées sans soleil avec des petits grains. Les giboulées de mars… Au moment de sortir l’avion, une personne m’arrête en criant. J’allais toucher une porte de hangar avec le saumon droit de l’aile. Le stress … La précipitation (on me le redira plus d’une fois) plutôt. L’avion est avitaillé, la prévol est faite et refaite, les perfos et caractéristiques révisées… Un jour on m’a demandé combien consommait l’avion. Un 65 ch. J’annonce fièrement 48l/h… Petite erreur entre la contenance du réservoir et la consommation horaire …

Le testeur arrive. C’est un FI de l’aéroclub voisin. Quelques question avant le vol, le déroulement de l’épreuve, … Et on part en vol. Décollage, divers exercices. Au moment de rentrer, un grain est sur le terrain et je dis au testeur que je resterai bien 10 min en attente. On a de l’essence ! Il approuve. Ensuite, quelques tours de piste, avec des questions en vent arrière :”feu moteur au démarrage, vous faites quoi ?”. Question pas bête du tout … Je lui dis que je ferme l’arrivée d’essence (pas de mixture sur l’avion). “C’est tout ?”. Heu … Oui… Raté fallait dire non. Gaz à fond et démarreur toujours en marche me réponds t-il… C’est compris monsieur…
Les 15 kts de travers sont bien la. Les atterros ne sont pas super mais sont “safe” je trouve. Il annonce qu’on fait un complet. Une fois posé je commence à stresser. C’est pareil qu’à l’école. Je stress assez peu pour les exams, mais après, quand on a plus d’action dessus je stresse … Etrange non ? On arrive dans le dernier virage (en descente et serré, faut pas se laisser entrainer). Dans quelques secondes je couperai le moteur … Je ne crois pas avoir fait de grosses erreurs. Mais je n’ai pas encore la compétence pour m’auto juger. Le moteur vient de s’éteindre. Et la il me dit : “Bon vol, c’est réussi” !

Me voila Brevet de Base. Une licence qui me permet de voler seul à bord, dans un rayon de 30km autours de mon aérodrome. Mais je vais aussi commencer les navigations. Passer sur une autre machine. A peine 1 an après avoir commencé (on est le 3 mars 2001) et 31h40min au compteur j’obtiens ma première licence aéronautique. Et je n’ai évidement toujours pas le droit de conduire des voitures (je suis en conduite accompagnée).

Maintenant on va quitter notre cours de récréation et on part se balader. A moi les navigations. Mais en plus je change d’avion. Je voulais voir autre chose. Un VOR par exemple, un peu plus de vitesse … J’ai eu l’occasion par trois fois de faire du Robin pendant mon BB (sans le vol d’initiation). Deux fois en tant que pilote. Trop de vent de sud. Un vol sur Dax et l’autre vers les Pyrénées pour que Fred me montre les turbulences … Ca avait en effet secoué. Une autre fois en place droite avec une amie (Sev si tu me lis, tu revenais d’Hawaï …).

Après un vol d’une heure de “transformation” je commence donc les navs. On était trois jeunes à peu prés du même âge (voir La Corse via l’Espagne pour connaitre un peu plus ces trois jeunes) avec le même (le seul ?) instructeur du club. On a donc fait un briefing nav à 3 (y’a toujours un absent …). Les fondements posés (on va de A à B en respectant la réglementation …) on part en vol. Ma première nav c’est … Mimizan : LFCZ. Un terrain dans le nord de Biarritz dans les Landes. Pour cette première, Fred m’a imposé la route. L’aller ce sera par le transit de Dax et le retour direct. Je suis en seconde à l’école et je n’ai pas de très bonne notes (… vous vous souvenez de ce que le chef pilote m’a dit). Mais les préparations de nav sont faites très sérieuse. D’ailleurs jusqu’a mon PPL (et un peu après), une heure de vol rimait souvent avec une heure de préparation. Mais en vol tout change. Déjà on est plus à 150 km/h. Mais à 180-190. Et puis des que je ne vois la Rhune (montagne Basque) je suis perdu … Ou plutôt je ne sais pas précisément ou je suis. L’aller le long de la route jusqu’au point NE se fait bien (VFR = Voie Ferré et Route …). Mais après on part dans le grand bain. On vole au dessus des champs … Et je ne vois pas ce terrain. ETA-2 min et ca turbule bien … Mon passager commence à virer au blanc et le terrain est en vue. Personne. Fred me dit qu’on travaillera l’intégration une autre fois. Il expédie (enfin comme je fais maintenant …) et en finale je reprends tout. Mimizan c’est 1000m de piste pas large entre les pins et avec un plan sympa. Moi j’arrive de 2250m à 3° … Mais on se pose plutôt bien (merci le train classique) et on roule au parking. Petit apport théorique sur la lecture des cartes VAC (la on se rend compte qu’on peut faire des petits topos de 10 min en situation et que ca marche très bien. Je me souviens encore très bien : on parlait de la validité des cartes VAC …). Tout le monde remonte et on repart à Biarritz. Et la un peu de précipitation (je suis le roi pour ca) me font couper le moteur aux essais moteurs. Sur le QS pas de bouton de démarreur, il est en fin de course de la “serrure à magnéto”. Sur le Robin on démarre sur la gauche. Donc si on lit la check une ligne sur deux et qu’on loupe : Magnéto -> Both et bien à l’essai moteur on coupe. Je rassure mes lecteurs ca m’arrive encore un peu … Env 1 fois toutes les 50 heures je pense …
Le retour est normal. Mais la finale à Biarritz n’est pas super. Encore un souvenir : ce sera à la fin de ta nav, dans un endroit que tu connais bien que tu ferras une erreur. Ca ne manque pas, 4 rouges …

La seconde nav c’est Pau et Aire. Je suis avec le F-KF. Je ne sais pas qui a réussi à mettre un pas aussi petit sur un moteur de 160 ch (DR400-140B) mais à part pour les terrains de moins de 800m je ne vois pas l’utilité … Pour Mimizan j’arrivais encore un peu à reconnaitre entre la carte et le paysage. Aujourd’hui, passé Hasparren je ne reconnais plus rien. Sauveterre de Béarn : ah oui peut être … Monein : si tu le dis … Mais ouffff Pau est une grande ville. Complet, Fred fait le roulage doucement pour remonter la piste par le taxiway, je prépare le départ sur Aire et on repart. A Aire y’a des planeurs. Ce sont ses pilotes qui volent en avion mais sans moteurs … Bref, je n’en ai jamais fait et je n’ai jamais évolué avec eux. Ils sont mis en vol grâce à un câble qui les tirent. La VAC présentent les consignes spéciales. J’avais lu et je me présente bien. L’intégration reste encore une science très obscure mais par quelques tour de “passe – passe” on arrive au sol. Et on a respecté la réglementation (et oui le briefing nav disait qu’il fallait la respecter). Le retour on va se faire plaisir. On a un avion qui grimpe, y’a du cumulus de beau temps épars donc on va changer de référence altimétrique et faire du niveau de vol. FL65. Rien à voir des FL280 des Airbus montant à Paris mais c’est déjà pas mal. On voit bien, on voit loin, c’est stable, il fait frais, … Je commence à apprécier à voler en niveau de vol. Mais il faut bien descendre. Nouvelle check-list (ou do list) : MEGA ! Et oui MEGA cool on descend et on rentre. Ou aussi M = Mixture, E = essence, G = Gyro, A = Altitude.
M : on a mixturé, donc on passe en plein riche (à présent je ne le fait plus d’un seul coup … mais par tranche de 2000 ft).
E : essence : bilan et si besoin on change de réservoir (on en a qu’un mais on pense à plus tard, le CPL, l’IR, … ).
G : recaler un gyro en évolution avec la boussole c’est pas bien. Donc on le recale avant.
A : altitude : on va descendre, c’est bien. Mais jusque ou ? Des pieds ? QNH alors et on règle l’altimètre.

Je continue les navs mais je suis aussi BB. Et donc je peux voler seul. Quand Fred m’énerve trop je m’exile dans le QS (bon alors c’est un faux prétexte car j’ai un super FI !). Ce jour la Florent est en “transfo Robin” (ca a un petit air de Transfo réacteur non ?) avec Fred. Moi je part 10 min après eux pour un petit local. Mais Fred n’est pas à droite. Et puis il a toujours raison (normal c’est mon FI). Je me précipite trop. Ca se voit tant que ca ? Décollage, rotation 60 km/h. Et la un bruit fou. Et je comprends. Y’avais pourtant un item dans la CL : verrière, fermé et verrouiller 3 points. Et bien la verrière n’est pas fermée. Sur un Robin c’est moins grave. Mais la, j’ai 25 heures sur cet avion. Rien que le fait de l’incident je dois être à 50% de mes capacités … Je ne tente pas de la fermé en vol. J’annonce un joli : “F-QS on voudrais faire un basse hauteur, verrière mal verrouillée”. Atterro OK. Je remets tout en ordre et repart. Au sol après Fred qui était bien sur la fréquence me dit que je me précipite trop. Je crois que j’ai compris …

On continue les navs, je suis lâché en nav (ca n’a pas la saveur du premier lâché). Puis on commence les déroutements. Sur un déroutement sur Oloron (au lieu de Tarbes en arrivant de Nogaro) on rentre sur Biarritz. Je calcul un cap à 40 degrés faux vers le sud. On est en plein été dans un 120ch à trois. Mais pour moi tout va bien. Je ne reconnais rien dehors, mais bon je suis sur mon cap. Devant ca commence à monter… Et bien moi je mets en montée. Mais la montagne va monter plus vite que notre avion… Et puis la Fred prend (enfin) la parole. Pour dire une seule phrase. Mais LA bonne phrase : “Tu es ou ?”. Et la je commence à cogiter que je ne suis peut être pas le ou je devrais être. Je veux prendre le VOR pour rentrer mais ca m’est refusé. Je lui dis alors : je prends le cap 270 si je vois des plages à la cote je tourne à gauche et si c’est de la falaise je tourne à droite… Il rigole et veut une meilleure solution pour rentrer. Doucement je me retrouve et me rends compte de mon erreur. Et on rentre à Biarritz après une petite ballade Pyrénéenne. Je crois que je commence à comprendre ce que veut dire vraiment : “Se remettre en question”.
Aujourd’hui c’est la grande nav solo. Repoussé déjà deux fois cause météo. L’objectif c’est Tarbes et Auch. Je suis allé une fois à Tarbes mais jamais à Auch. La navigation est faite et refaite et vérifié et revérifié. A Biarritz il ne fait pas très beau mais devant c’est beau. BKN012 donnaient le METAR. Et moi je veux la jouer super héro. Pour gagner 30 secondes je prends des petits bleds au lieu des grands. Un peu avant St Palais ca monte un peu. Les nuages sont à 1200ft … Ca va vite devant et je suis vraiment derrière l’avion. Je cherche une touche P. Je me dis qu’on va mettre Flight Simulator en retraite pour quelques temps … Le reste de la nav se passe bien. Quelques gentils grains dans les zones de Dax au retour (enfin à l’époque je n’aimais vraiment pas !). Je branche le VOR sur l’axe de la piste et on se fait une longue finale.

Puis vient le temps du PPL. J’ai bossé une bonne partie du théorique tout seul. Je me souviens de mon BB. Réussi à la 3° fois. Belle performance. On va faire mieux au PPL. Ca fait 3 mois que nos législateurs ont sortis le PPL. Les sites tels que GliGli ou les annales n’existent pas. Avec du recul je me dis c’est mieux. Le PPL théorique se passe à Bordeaux (maintenant y’a des sessions à Biarritz). 5 modules. Ils portent bien leurs noms : si on en rate un on a que celui la à repasser. Mais Bordeaux c’est loin. Donc c’est mieux de tous les avoirs. Ohhhh miracle j’ai tout du premier coup. On va pouvoir commencer à penser sérieusement au pratique.

Mais Fred n’est plus disponible … Je change d’instructeur et ca ralentit un peu tout … Enfin, un matin de décembre je suis à l’aéroclub pour mon test PPL pratique. Y’a deux volets : nav et mania. Aujourd’hui il fait froid. Moins 7°C … On doit avoir un QNH qui explose tout. Vous connaissez, les belles et froides journées anticycloniques hivernales. Mais OUF la visi n’est pas horrible. Pas de RVR dans les METAR. Il doit faire trop froid pour que les transmissiomètre fonctionnent. Donc il doit faire beau. Le matin on a 6 km. On va donc faire la mania. Ca se passe plutôt bien. Je reste au club pour le repas. Après c’est la nav. Je fais un briefing sérieux à mon testeur. Puis on part à l’avion. Après avoir attendu avant de rouler on commence le taxi. Rapidement on est sur la piste. Puis décollage. Et le testeur me dit : et les volets ? Ouppps. Pourtant je ne me précipite plus msieur … Ca doit être le stress. Mais il répond à ma place. Il fait froid, l’air est dense, la piste est longue et l’avion léger. Mais penser à attraper directement votre vitesse optimale de montée. Je sors quand même les volets et on décolle.

La nav se passe bien. Toutes mes radiales de flanquements sont fausse à 180° prés. Bref, je dit au testeur qu’il fait beau, que je sais ou je suis et je coupe le VOR. A Tarbes il me prévient qu’on ferra un exercice panne moteur en montée initiale. Il me prévient. Et moi je me concentre sur mon tour de piste. Tiens la colline est basse … Finale, touché et … panne moteur simulée. Et la je découvre qu’il faut faire des choses … Bravo pour l’anticipation. Bon 130 km/h (finesse max). Et puis voila … Et si on continue ? On finie dans le champ après la piste. Et les volets me dit-il ! Et oui, à défaut d’une glissade le second cran aurait pu nous éviter la vache ! Décidément ces volets … Déroutement sur Aire qui se passe bien. Y’a une route qui m’y amène en ligne droite. Il me demande un atterrissage court mais sans forcer sur les trains. Volets 2, vitesse 120 km/h et on ne kiss pas. On compte les plots : 400m. Ca lui va. Il me donne 5 min pour préparer le retour sur Biarritz. C’est tout droit ! On décolle. En entrée de TMA une IVV (pas IVG …) : interruption volontaire de vol. Si on se fait coincer par le temps, la nuit, le moteur, … Je n’en ai pas fait beaucoup mais ca a l’air de lui plaire. On remonte un peu et on rentre. Et je pense à ce que Fred m’a dit lors de ma première nav : ne bâcle pas ton arrivée. Même si tu connais tout très bien reste concentré ! J’essaye … Finale, posé, roulage … Je coupe le moteur. Et la il me dit que c’est bon. Ouffff ! C’est fou mais certaines épreuves scolaires me font bien moins stresser …
Débriefing. Et remise de la licence provisoire. Me voila PPL. J’ai 17 ans et 2 mois et j’ai le droit de voler dans toute l’Europe avec des passagers. Et vous savez le reste : je n’ai pas le droit de conduire une voiture seul… Les lois sont ainsi faite !

Le PPL je l’ai eu à un peu plus de 75 heures. Beaucoup plus que les 45 heures mini. Et oui ! C’est la conséquence de d’un BB sur train classique qui est plus long que sur train tricycle. Mais aussi d’une dizaine d’heure de vol en CdB sur D112 pendant la progression PPL. C’est aussi la conséquence de 2 nav plaisir : un A/R sur Limoges et un Jaca (LECI) > Biarritz (mais Jaca on aura l’occasion d’en reparler). Et puis, une nav solo en plus. Pour aller faire de la mania à Aire et Nogaro. Enfin un changement d’instructeur en fin de formation ca fait des heures en plus …
On va commencer à apprendre tout seul …

Des photos sont à venir … Mais elles sont à Biarritz et je suis à Montréal …

Une réflexion au sujet de « De 0 à 76h … Une progression pour le PPL »

  1. Renaud

    Bravo Antoine pour ton recit.
    Tu es honnete, tu avoues tes erreurs et tes lacunes ce qui rend la narration vivante et veridique. J’ai beaucoup aime le passage sur ton 1er vol solo, on imagine bien l’apprehension vecue.
    J’en profite pour te feliciter aussi sur ton post detaille de ton vol au Canada, je me suis regale sur la video….A cause de toi cela fait deux apres-midi que j’arrete de travailler pendant 1 heure (c’est pas trop grave car etant “chef” je ne suis pas sense travailler non plus,lol).

    Pendant ma lecture de ton ecrit je me disais sans cesse “Putain renaud t’es vraiment con! pourquoi tu ne t’y ai pas mis a son age” maintenant je veux rattraper le temps mais c’est beaucoup plus dur : une famille, un boulot.

    Je te souhaite de reussir dans ton objectif de devenir pilote. Qui sait, peut etre qu’un jour c’est toi qui me conduiras de Dubai a Paris sur un A380 Emirates!

    Amicalement,

    Renaud

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