Biarritz, Hotel Roméo, on déroute sur Mimizan

de | 2 août 2009

Vol vers un front froid, voltige et ferme auberge aéronautique


 

Le titre ne peut résumer à lui seul ce week end hautement aéronautique, mais il représente bien le point fort de samedi dernier. Retour en arrière…

Tout commence vendredi (et oui j’ai pris un jour !) ou je fais un baptême… L’été, Biarritz, le soleil, la chaleur, quoi de plus naturel que d’être en bermuda… Seulement, j’ai un baptême de l’air avec deux Allemand (mais on a parlé anglais, car l'allemand n'est pas mon fort) et quand je leur ait annoncé que je suis le pilote il y a eu un moment de doute …Tenue vestimentaire sans nul doute 🙂

Mais bien heureusement, tout c’est bien passé … Piloter le Robin n’est pas trop difficile bien qu’a l’atterrissage avec entre 15 et 20 kts de travers sur la belle piste repeinte de Biarritz il faille un peu « se battre ». Évidement, l’approche en crabe et le décrabage aile dans le vent baissée, cela effraie un peu mes teutons qui ont été habitués aux 20° max d’inclinaison avec la bille au centre. Y’a une semaine j’enchainais boucle, tonneau et renversement en Cap 10, donc c’est vrai que pour moi ca reste du vol à plat (le québécois aurais dis que le vol avait été « plate »).

Enfin, sortis de l’avion ils sont très content et y’a même un VI qui se profile… Avec un FI … Car quand je lui aie dit que je n’étais pas instructeur il a presque viré de couleur …

Il est environ 17h ce vendredi et on prévoit une nav sur Villeneuve sur Lot pour aller faire un peu de voltige puis un bon repas à la ferme auberge aéronautique du Sud Ouest : Rebeyrotte (LF2432).

Mais avant on a une soirée… Mika, mon instructeur voltige fête ses 22 ans ! Soirée « tranquille » où Mika a reçu un beau Cap 10 en bois et ensuite repas au traditionnel Carritz avec un joli couché de soleil (le soleil descend de 15° par heure, ca va vite…). Mika a des envies de dessins sur la fin du repas (il me dessine un programme libre de voltige et un Cap 10) …

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La sagesse impose d’aller se coucher et ne pas aller aux Fêtes de Bayonne… Demain un front froid actif est prévu de passer vers 16h30 à Biarritz et il faut donc être de retour avant. Avec un décollage prévu à 14h00 de Rebeyrotte et 1h15 de vol cela doit passer. On prévoit donc un décollage à 8h00 de Biarritz. L’équipage est constitué d’Alex P (élève pilote de chasse), Guillaume et Alex G (mon copi préféré 🙂

Je suis commandant de bord sur la branche Biarritz – Villeneuve. A ma gauche, Alex P, qui ferra toute la nav. Assez calme ce samedi matin… Décollage 09, croisière à 1500 ft (ca ne sert à rien de monter, on voit moins bien). Grincheux, notre mythique (dans le mauvais sens du terme) contrôleur est présent …  Alex annonce les estimées … Sur un point on a 7 secondes de retard… Sont précis à l’armée ! Pyrénées Info est presque vide de trafic, juste un Cessna qui tourne au dessus des Pyrénées au FL 95. On aperçoit Golfech, le repère incontournable de mon copi préféré… Puis on arrive dans la CTR inactive d’Agen ou un Pilatus largue ses bonhommes. Puis la dernière branche sur Villeneuve est rapidement effectuée.

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Personne à Villeneuve, verticale, vent arrière gauche 10 et je pose l’avion. Faut bien s’entrainer à poser les avions à droite sinon les teutons ne voudrons plus faire de baptêmes …

On roule au parking et on sort de l’avion. Il commence à faire chaud et sans trainer je commence à préparer l’avion de voltige : le Cap 10 C F-GGYL. C’est aujourd’hui la première fois que j’emmène des passagers en voltige donc faut tout bien vérifier … Le plein est à faire …

Briefing sécu, parachute, comment monter dans l’avion, effet des G, et poche spécial « repas » (je ne fais pas de dessin, tout le monde aura compris).

Alex P est donc mon premier pax voltige … Faut pas se louper… On se brêle et c’est partit. Mise en route (c’est de l’injection donc plein pauvre, mais le moteur et le démarreur étant neuf, ca part au quart de tour !). Chauffe moteur et on part rouler. L’avantage à Villeneuve c’est que le trafic est faible et on ne perd pas temps. Décollage 28 et on part sur l’axe de Penne d’Agenais. Guillaume « spot » notre décollage.

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Les 180 chevaux marchent bien, 155 km/h et 1200 ft/min au vario c’est sympatoche. Contact avec Toulouse pour activer la zone et c’est parti. Parabole (mais une « vraie », pas comme en Robin pour faire un petit 0.3 g) pour vérifier que l’on soit bien sanglé et une mise dos ensuite et on peut commencer.

Boucle et tonneau pour les deux premières figures. Alex tient le coup … Renversement (que je rate bien sur en bottant trop tôt) puis on va faire quelques vrilles. Alex n’en a jamais fait et on a l’avion pour ! Une vrille un tour et demi gauche puis on remonte à 4 000 ft pour que je lui montre ce qu’un dernier virage avec du pied extérieur peut faire. On simule cela par un virage gauche 30 degrés d'inclinaison en palier avec peu de puissance. Puis j’enfonce le pied à droite. Le Cap qui est en virage à gauche part sur le dos par la droite suivi d’une vrille à droite … Impressionnant quand on ne s’y attend pas.

On enchaine par mon programme connu de compétitions sans les virages dos. Immelmann, boucle, tonneau, rétablissement tombé et retournement sous 45 se succède. Alex se détend et on continue. On refait quelques figures « isolées » : renversement un peu plus tiré (on monte à 4.7 G), vrille, boucle avec tonneau au sommet, …

Pendant toutes les évolutions un avion était avec Toulouse Info a cause d’un NOTAM réservant Albi aux aéronefs basés. Un dialogue de sourd s’installe, mais nous on en avait que faire puisqu’en train de se retourner la crêpe. Une fois la crêpe bien cuite, vient le temps de clôturer avec Toulouse. Mais ca cause toujours. J’arrive à en placer une en tout début de vent arrière (mais à 2300 ft car sinon on ne les reçoit pas). Je fais donc tout le tour de piste en glissade … Fin de base, deux crans de volets, et il s’agit de bien poser l’avion : ca reste du train classique et à ce qui parait pas le plus simple.

Ca pose, le petit rebond qui va bien, les pieds remontent doucement sur les freins (et la ca ne manque pas, petite embardée contrôlée) et on freine doucement. Roulage et on éteint le moteur. Alex est bien content de son tour, et mon premier vol avec pax s’est bien déroulé entre -1.7  et +4.7 g.

A présent Guillaume s’installe à la place d’Alex. Il est prévu d’y aller doucement, car Guillaume ne s’est pas couché si tôt que cela …

Décollage (avec les volets cette fois !) et on repart sur l’axe. Guillaume a pris son appareil photo et on y va donc bien plus doucement. Cela fait de chouette souvenir :

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Tout se passe bien mieux pour clôturer avec Toulouse et on se fait une longue finale 28. Le posé est mieux (car la finale était bien mieux, l’adage dit vrai) et on roule à l’essence. 24 litres plus tard, on range tout et on embarque dans le Robin pour Rebeyrotte avec Alex G en commandant de bord.

Le terrain, sans être difficile, demande quelques précautions : 7 % montant et 650 m de piste, ce n’est pas tous les jours que l’on pratique cela. Il est donc demandé 200 heures de vols pour s’y poser. Alex les ayant cette fois ci, il se fait une joie de poser l’avion tout doucement, avec le filet de gaz qui va bien ! Time to lunch !

Voici la carte. On a pris 3 menus à 19 et Guillaume une assiette à 15. Devant décoller de suite après le repas (le front avance), on aurait du prendre 4 assiettes à 15 ! C’est toujours aussi bon (ca fait la 5° fois que je viens). Cette fois ci, étant juste passagers, je me permets de gouter le vin de Bergerac et en apéro un petit vin de pêche.

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Le repas se termine et je fais la prévol tandis qu’Alex se prépare. On grimpe tous dans le Robin, mise en route, le moteur est vite chaud et on décolle.

 

 



 

Je suis derrière avec Alex P qui en profite pour dormir un peu (et oui, faut digérer le repas)… Je fais un peu l’artiste avec ses lunettes …

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Puis on arrive dans le méli-mélo des zones R des planeurs de Saucats … On passe dedans en ouvrant l’œil (on ne voit rien) et puis on commence à regarder devant. Le dernier TAF de Biarritz nous laissait juste 15 min avant les orages (front froid actif). On a donc tous à l’esprit et ce depuis le départ le déroutement. On arrive avec Biarritz Info et c’est encore grincheux à la fréquence.

Des le premier contact il nous avertis (dans sa langue bien à lui) que le temps commence à se bâcher à Biarritz. On poursuit. Il nous prévient 10 min plus tard qu’il se met à pleuvoir sur Biarritz… On entend ensuite sur la fréquence un Netjet qui se déroute sur Biarritz puis d’autres avions qui demandent des caps d’évitement. Enfermé dans notre « bulle », on poursuit toujours … Puis on lui demande la dernière météo (l’ATIS avait 2h au moment du premier contact, 10 min avant). Réponse habituelle d’un grincheux : « on n’a pas que cela à faire, prenez l’ATIS » sur son ton habituel. Et nous qui croyons que le S d’ATS était pour service. Bon on sait qu’il est comme cela, qu’il y a un mois il aurait tellement stressé un pilote qu’il aurait décollé avec le frein de park enclenché et que son train principal à pris feu (et qu’aucun FI ne veut lâché d’élève quand il est au micro) …

On re-prend l’ATIS sur la COM 2… Et on poursuit … C’est la qu’on aurait du se dérouter. Quelques minutes plus tard, il nous avertis qu’il ne fait vraiment pas beau… On prend une minute pour décider entre Tarbes (Pau étant fermé) et Mimizan puis on le rappelle , avec encore 2h de pétrole dans les ailes, on peut choisir la dégagement. « Biarritz, Hotel Roméo on déroute sur Mimizan ». On étais à 15 min de vol de Biarritz. Un avion d’affaire se pose à ce moment la (grincheux lui annonce du « very bad weather »…).

Dans une région que l’on connais bien et avec 3 cartes et un GPS le déroutement n’est pas vraiment compliqué. Par contre, le front est assez rapide (puisqu’en avance d’une heure par rapport aux prévisions de 13h00) et on se prend un petit rotor… L’avion est presque sur la tranche… En déroutant 5 min avant on ne l’aurait pas eu.

Les CB sont assez gros, et avec en avant des « mamatus ». Ces nuages avec leurs formes et couleurs si particulières :

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On intègre à Mimizan derrière un Rallye d’Action Communication. Posé, dégagé. On en profite pour refueller. A la fin du refuelling, il se met à pleuvoir. Au loin on voit les éclairs…

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Au club house, on scrute les images radars et satellites. On a une chance d’avoir un créneau de 2h env. dans 3h. En effet, après une nouvelle ligne de grain (front froid secondaire) est prévu. Il est 15h30, la nuit est dans longtemps on a donc le temps.  On parle « du milieu » avec le pilote du Rallye … Le temps s’améliore tout doucement et vers 17h30 on redécollge. Je pilote avec Alex G à droite pour une branche sans histoire à 700 ft mer le long de la cote. Sur les terres des barbules trainent un peu partout. Mimizan a été la bonne décision pour le déroutement.

Posé 25 min plus tard après une finale 09 sur la mer.

On range l’avion et remplis tous les papiers. On va sur la mer manger un bout (on a plus très faim vu tout ce que l’on a mangé à midi). Et on assiste à l’arrivée de la seconde ligne de grain…

 

Une journée bien sympathique. Un déroutement météo n’étant pas chose commune (c’est mon deuxième et pour Alex c’est le premier), cela forge l’expérience !

A présent je ne vais plus faire beaucoup de nav : dans deux semaines j’ai la coupe de France Sud de Voltige à Villeneuve ! Il faut donc s’entrainer !

6 réflexions au sujet de « Biarritz, Hotel Roméo, on déroute sur Mimizan »

  1. Kevin Faussadier

    Salut Antoines,

    très beau récit, de la superbe lecture,

    ça fait rêver 🙂

    Cheers,
    Kev’

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  2. jeffounette

    Bon faudra que je vienne un jour à Rebeyrotte, à chaque fois je suis indispo.
    J’espère que Guillaume n’a pas trop dormi à l’aller ?

    Et pour Grincheux hip hip hip !?!?

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  3. Antoine

    Merci 🙂
    Prochaine nav … Mais où donc aller ??? Madrid on en parle depuis longtemps …

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